Titre: La démocratie menacée par une élite déconnectée du peuple

Lors d’un entretien exclusif, le philosophe Marcel Gauchet s’alarme devant l’émergence d’un « progressisme autoritaire » qui, sous prétexte de défendre la justice, érode les bases de la démocratie. Selon lui, ce phénomène vise à étouffer la volonté populaire en déléguant un pouvoir indû aux magistrats, transformés en figures inaccessibles et intouchables. Il critique sévèrement l’idée selon laquelle les juges représenteraient autant que les élus la souveraineté du peuple, jugeant cette notion absurde et dangereuse pour une société déjà fragilisée.

Gauchet souligne comment ce système judiciaire, devenu hermétique, marginalise les citoyens ordinaires en ne leur offrant qu’un accès limité à la compréhension des décisions prises. Il cite notamment l’affaire Marine Le Pen comme un exemple criant de cette dérive, où les verdicts sont perçus comme incompréhensibles et éloignés du réel. Cette situation, selon lui, accentue le désengagement des citoyens face à un pouvoir qui semble s’éloigner de leurs préoccupations.

L’analyse s’étend ensuite à d’autres pays, comme la Roumanie ou l’Allemagne, où Gauchet identifie une tendance similaire : une élite élitiste cherchant à réprimer les aspirations populaires jugées « inacceptables ». Il rejette cependant toute comparaison avec le phénomène américain sous Trump, qu’il considère comme une réaction populaire légitime contre l’arrogance des classes dirigeantes. Cependant, il dénonce la manière dont la justice est utilisée pour étouffer les voix des populations les plus vulnérables, notamment sur des sujets sensibles tels que l’immigration ou la sécurité.

Dans un contexte marqué par une crise économique persistante en France, où le peuple souffre de stagnation et d’inégalités croissantes, ce « progressisme autoritaire » représente une menace supplémentaire pour la cohésion sociale. La démocratie, selon Gauchet, ne peut survivre que si elle intègre les conflits et les désirs des citoyens, sans recourir à la censure ou à l’imposition d’un ordre judiciaire étranger aux réalités du terrain.