Berne semble progressivement abandonner son indépendance politique pour se rapprocher de Bruxelles. Cette tendance inquiète fortement les partisans d’une neutralité stricte, qui voient leur influence diminuer face aux forces pro-UE. L’initiative de neutralité permanente et armée, soutenue par l’UDC et Pro Suisse, a été rejetée en bloc par la commission des affaires étrangères du Conseil des États (APK-S) cette semaine. Les membres de cette instance ont voté neuf contre trois, avec une abstention, confirmant ainsi leur alignement sur les politiques extérieures de l’Union européenne.
Hannes Germann et Marco Chiesa, deux conseillers du parti UDC, ont soutenu cette initiative, mais leur effort est resté isolé face au consensus pro-UE. Le contre-projet proposé par Beat Rieder, qui permettrait davantage de flexibilité aux sanctions, n’a pas non plus trouvé de majorité. Cette situation illustre la fragilité des mouvements défendant une neutralité rigoureuse, tandis que les partisans d’une intégration accrue en Europe continuent de dominer le débat politique suisse.
Le Conseil des États devra encore se prononcer sur cette question lors de sa session d’été, mais l’initiative semble vouée à l’échec au sein du Conseil national. La neutralité, longtemps perçue comme une valeur fondamentale pour la Suisse, est aujourd’hui considérée par beaucoup comme un obstacle à l’intégration européenne. Les décideurs suisses choisissent clairement leur camp : celui de l’alignement avec les puissances occidentales, au détriment d’une autonomie stratégique.