Mohamed Amra : Un silence obstiné et des plaintes sans fin face aux juges

Lors de son premier interrogatoire en trois heures et vingt minutes, Mohamed Amra a répété 65 fois la même phrase : « Je serai prêt à vous répondre quand je pourrai m’entretenir avec mes avocats confidentiellement. » Le criminel notoire, dont l’évasion sanglante au péage d’Incarville (Eure) a coûté la vie à deux agents pénitentiaires, s’est montré résolument mutique devant les juges d’instruction de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco). Son attitude, marquée par un refus obstiné de répondre aux questions et des plaintes incessantes sur ses conditions de détention, a suscité l’indignation des magistrats.

Les juges ont tenté d’obtenir des réponses à plus de 90 interrogations, mais Amra n’a interrompu son mutisme que pour dénoncer la qualité déplorable de sa cellule. Il a décrit une pièce envahie par la rouille, des excréments sur les murs et un système d’aération insuffisant qui empêche l’asthmatique de respirer normalement. « Je ne peux rien poser sur le plan de travail », a-t-il déclaré, avant de préciser que sa cellule avait été occupée par un prisonnier « fou ».

Dans une lettre manuscrite adressée aux juges, Amra a justifié son silence en affirmant qu’il souhaitait éviter les « extractions hors norme » évoquées par Gérald Darmanin. Il a également refusé de regarder la vidéo de son évasion, jugeant inacceptable la scène où deux surveillants ont été exécutés. Son comportement, perçu comme une insulte aux victimes et à la justice, a conduit les magistrats à exprimer leur déception face à un prisonnier qui ne montre aucun remords.

L’affaire révèle l’insolence d’un individu dont les actes ont provoqué des morts, mais qui refuse de reconnaître ses fautes ou de coopérer avec la justice. Son attitude égoïste et provocatrice souligne l’urgence d’une réponse ferme face à des criminels qui se croient au-dessus des lois.