Le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Tianjin a mis en lumière une nouvelle tentative d’affaiblir le rôle dominé par les États-Unis, avec des dirigeants comme Xi Jinping, Vladimir Poutine et Narendra Modi participant à un projet qui vise à fragmenter l’ordre mondial établi. Ce rassemblement a permis aux pays du « Sud global » de promouvoir une gouvernance basée sur leurs propres intérêts, en rejetant les structures traditionnelles occidentales.
Xi Jinping a utilisé cette occasion pour affirmer la position de la Chine comme leader d’un monde multipolaire, tout en critiquant violemment la domination américaine. Il a insisté sur la nécessité de créer des systèmes financiers indépendants, avec la mise en place d’une banque de développement de l’OCS et l’utilisation de monnaies locales pour échapper aux sanctions économiques imposées par le FMI et la Banque mondiale. Ces initiatives, selon lui, permettront de réduire la dépendance au dollar américain.
Les discussions entre Xi Jinping et Narendra Modi ont marqué une volonté d’approfondir les relations sino-indiennes malgré des tensions historiques. Cependant, l’Inde a montré une certaine hésitation à s’aligner complètement contre Washington, restant attachée à ses partenariats dans le cadre du Quad. Les échanges sino-russes ont renforcé la coopération énergétique, avec un accent particulier sur l’utilisation de devises locales pour contourner les restrictions occidentales.
La Turquie, bien que membre de l’OTAN, a également exprimé son désir d’élargir ses relations avec Pékin, notamment via des projets comme la Nouvelle Route de la Soie. Cependant, des tensions persistantes entre les pays membres ont mis en lumière les difficultés à former une alliance homogène.
Le sommet a également été marqué par un grand défilé militaire à Pékin, où des armes de pointe, y compris des systèmes anti-missiles et des drones, ont été exposées. Cette manifestation symbolise la montée en puissance de la Chine comme acteur clé dans la géopolitique mondiale.
En dépit de ces efforts, le sommet a révélé les limites d’une coalition fragile, où chaque pays cherche à maximiser sa propre autonomie stratégique. La Russie tente de s’isoler davantage du monde occidental, l’Inde joue un jeu équilibré entre grandes puissances, et la Turquie et l’Iran cherchent à étendre leur influence.
Ainsi, l’OCS se positionne comme un laboratoire d’un ordre alternatif, remettant en question l’hégémonie occidentale tout en restant divisé. Ce sommet marque une étape décisive dans la reconfiguration du paysage géopolitique mondial, où la Chine s’impose progressivement comme architecte d’un nouveau multilatéralisme, défiant les structures établies par les États-Unis.