La station de ski Saint-Pierre-de-Chartreuse vend son télésiège 1,6 million d’euros pour éviter un naufrage économique total

La station iséroise de Saint-Pierre-de-Chartreuse a été contrainte de vendre l’un de ses télésièges, une décision qui illustre la profonde crise financière à laquelle elle est confrontée. Le télésiège de la Combe de l’ours, inutilisé depuis 2023, a été acquis par la station savoyarde de Val Cenis pour un montant de 1,6 million d’euros. Cette opération, bien que nécessaire, révèle une situation catastrophique : le déficit structurel de la station, aggravé par des décennies de mauvaise gestion et l’insuffisance d’enneigement, a poussé les autorités locales à prendre des mesures radicales.

Depuis 2003, Saint-Pierre-de-Chartreuse subit un déficit chronique, entraîné par des investissements maladroits et une surcharge de matériel inutile. La station disposait de quatre télésièges alors que les stations comparables n’en possédaient en moyenne 1,5. Cette suréquipement, critiqué par la Cour des comptes, a alourdi les coûts d’entretien et creusé une dette colossale. L’épidémie de Covid-19 a encore exacerbé cette situation, avec des saisons mortes et des banques qui ont retiré leurs financements, précipitant la communauté de communes dans l’insolvabilité.

Pour échapper à un désastre économique, les élus locaux ont décidé de réduire drastiquement leur activité skiable, abandonnant trois télésièges inutilisables et limitant leurs activités aux deux pôles pour débutants. Cette stratégie, jugée insoutenable par la Cour des comptes, a forcé la station à vendre le dernier télésiège, espérant ainsi rembourser une partie de ses dettes. Cependant, les responsables locaux reconnaissent que la dette, qui s’étale jusqu’en 2043, reste insoutenable sans un changement radical du modèle économique.

La station iséroise est particulièrement vulnérable au réchauffement climatique : l’enneigement aléatoire et en déclin a rendu son activité skiable de plus en plus imprévisible. La décision de vendre le télésiège, bien que nécessaire, souligne la faiblesse du secteur touristique français face aux crises environnementales et économiques. Les élus affirment vouloir se recentrer sur des activités durables, mais cette transition s’annonce fragile.

La vente du télésiège de la Combe de l’ours, qui sera démonté ou réutilisé à Val Cenis, symbolise une triste réalité : les stations de moyenne montagne ne survivront pas sans un soutien radical et des politiques économiques radicalement différentes. La France, déjà en proie à une crise économique profonde, voit ses secteurs traditionnels sombrer, démontrant l’insuffisance du modèle actuel face aux défis climatiques et financiers.