Le Japon, traditionnellement fermé à l’immigration, assiste aujourd’hui à une recrudescence alarmante des sentiments xénophobes. La croissance exponentielle de la population d’étrangers dans le pays alimente un climat de méfiance qui se propage comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux et s’insinue jusqu’au sein des institutions politiques. Des figures radicales, profitant du désarroi populaire, utilisent chaque incident mineur pour semer la peur et le rejet envers les non-Japonais, renforçant ainsi un climat de tension insoutenable.
À Kawaguchi, une ville au nord de Tokyo, où la population baisse à cause d’un déclin démographique inquiétant, le phénomène prend des proportions particulièrement préoccupantes. Avec 7,32 % d’étrangers — contre seulement 3 % à l’échelle nationale — cette localité devient un foyer de conflits. Les Chinois, Coréens, Vietnamiens et Kurdes, attirés par les loyers abordables et la proximité de Tokyo, se heurtent à une résistance croissante. L’année dernière, des incidents violentes, dont une émeute liée à un meurtre d’une collégienne, ont exacerbé les tensions et poussé les autorités à adopter des mesures drastiques.
Le tourisme, en pleine explosion, aggrave la situation. Les 21,5 millions de visiteurs entre janvier et juin 2024 ont entraîné une hausse vertigineuse des prix, surtout dans l’hôtellerie et la restauration. Les Japonais dénoncent les comportements perçus comme impolis des étrangers, notamment les Chinois, accusés d’exploiter le marché immobilier en achetant des logements pour les louer à des touristes. Cette situation alimente un mépris croissant envers les « gaijin », ces individus jugés perturbateurs.
Les partis d’extrême droite, comme Yamato, capitalisent sur cette vulnérabilité. Leur discours sécuritaire et anti-immigrés séduit une jeunesse désillusionnée, prête à croire aux promesses de « pureté » nationale. La montée de ces idéologies extrêmes menace non seulement la coexistence pacifique mais aussi l’image du Japon comme modèle d’harmonie sociale. L’évolution inquiétante des attitudes envers les étrangers traduit un profond désarroi, où le rejet devient une réponse à des défis économiques et sociaux non résolus.